Le Mot du Maire de juillet 1989

 

Voici quelques semaines, nous avons élu nos représentants au sein du Parlement Européen. Pruniers en Sologne, semblable à la moyenne nationale, a vu 50 % de ses électeurs venir aux urnes. Le lendemain, journaux, radio, télévision, s'interrogeaient sur les raisons de cette faible participation. Pour certains, les Français avaient été trop sollicités ces derniers mois. Pour d'autres, le produit "Europe" avait été mal présenté et les Français ne s'étaient pas sentis suffisamment concernés...

Pourtant, nous avons encore à l'esprit ces slogans : "Une France forte pour une Europe forte", ou bien "Défendre les intérêts de la France" ou encore "Une France française dans une Europe Européenne" ou "L'Europe, c'est notre combat"...

Mon propos n'est pas d'analyser les résultats obtenus ou de chercher à connaître les raisons de ce manque de motivation, mais qu'il nous soit permis de réfléchir ensemble quelques instants à cette échéance de 1992.

Nous sommes à la veille de la libre circulation des biens, des produits, des services entre tous les pays de la Communauté, échéance souhaitée par certains mais aussi redoutée par d'autres. Demain, nous pourrons emprunter en Allemagne ou en Suisse à des taux inférieurs à ceux pratiqués en France, nous pourrons bénéficier de tarifs d'assurance italiens inférieurs à ceux que nous connaissons... les diplômes de fin d'Etudes étant acceptés à l'intérieur de tous les états membres, nos enfants bénéficieront d'un plus grand choix de propositions d'emplois mais auront à faire face à une plus grande concurrence.

Actuellement, quelques jeunes Prunellois nous font l'honneur, après l'obtention de leur baccalauréat, de s'orienter, soit vers des professions traditionnelles en poursuivant leurs études en facultés ou dans des grandes écoles, soit de s'orienter déjà vers des carrières internationales : commerce internationnal, études de langues...

Le Conseil Municipal souhaite venir en aide à ces jeunes et c'est aussi pour une de ces raisons que nous avons réalisé la bibliothèque municipale qui doit fonctionner dès septembre prochain.

Cette bibliothèque au service de tous les Prunellois satisfera certes les scolaires grâce au choix des ouvrages qui seront retenus en relation avec le corps enseignant, mais elle cherchera également à satisfaire tous les autres jeunes et moins jeunes, grâce à l'éventail vaste et varié des livres proposés : romans, littérature, exploits, documents, bibliographies, périodiques...

Votre bibliothèque aura pour vocation de devenir un lieu de rencontres, d'enrichissement pour tous mais aussi un lieu de recherche et de travail approfondis. Elle sera une attraction supplémentaire dans notre Centre-Bourg.

Pour rester dans l'actualité présente, je vous livre quelques réflexions d'un jeune Prunellois de retour d'Allemagne.

" Venant de passer près d'un mois en Allemagne, j'ai pu constater le comportement allemand face à l'échéance de 1992 : le marché unique.

La majorité des Français pense que c'est encore loin et entreprend peu, contrairement à la population allemande. En effet, les Allemands fondent tous leurs espoirs sur l'Europe : ils veulent faire valoir leurs industries, leur monnaie, leurs banques face aux autres pays de la C.E.E.. Il faut savoir que la concurrence que vont se livrer "les Douze" après l'ouverture des frontières, donc libre circulation des biens et des personnes, va être acharnée aussi bien dans le domaine de l'industrie que de l'agriculture et pour la recherche d'un emploi.

Lors des élections européennes, certains partis allemands avaient pour slogan : - D'abord l'Allemagne, ensuite l'Europe - Comment peut-on créer une Europe forte si chacun des pays membres de la communauté ne pense qu'à lui ?

Il faut savoir que ce projet de faire une Europe unie est audacieux car chacun, à juste titre, souhaite garder sa nationnalité et les moeurs, les coutumes, sont différents selon chaque pays. A ce propos, je vous citerai deux anectotes qui m'ont particulièrement surpris. Tout d'abord, l'inquiétude des Allemands pour la préservation de la couche d'ozone : la prise de conscience fut massive et peu sont ceux qui utilisent encore des aérosols avec des CFC. Ils ont plus peur de l'empoisonnement de l'environnement que d'une "troisième guerre mondiale". Puis, dans un souci écologique, il n'est pas rare de trouver quatre poubelles dans les cuisines, chacune destinée à une catégorie de déchets bien spécifique : la première pour les épluchures, la seconde pour les dérivés de l'aluminium, la troisième pour le papier, la quatrième pour les boîtes de conserve !!! Nous étions déjà habitués à mettre de côté les emballages en verre mais comparée aux Allemands cette précaution peut paraître dérisoire.

Ceci est un exemple illustrant les différences de mentalité entre nos voisins et nous. Mais ne soyons pas pessimistes pour autant. A force de conjuguer nos efforts, nous réussirons à faire un Pruniers en Sologne fort dans une Europe forte !"

Pour créer entre nous un dialogue sur les perspectives à venir, je vous réserve une rubrique pour chaque Prunellois qui aurait à nous faire partager une expérience socio-professionnelle intéressante relative à notre monde en mouvement.

Jean-Marie Bisson

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