Les années sombres de 39-45

Septembre 39

Lorsque fut donné l'ordre de mobilisation généale, les jeunes mobilisés partirent en train rejoindre leur unité. Les au revoir se firent sur le quai de la gare de Pruniers. Beaucoup furent amenés par leur famille jusqu'à Romorantin. Et puis ce fut la réquisition des chevaux et des véhicules. Les chevaux furent réunis autour de l'église, comme pour un jour de marché. drôle de foire !

Juin 40

Pruniers n'était pas vraiment sur la route de l'exode. Seules quelques familles de réfugiés, traversèrent le village. Et dès leur arrivée les Allemands donnèrent l'ordre aux détenteurs d'armes à feu de les remettre à la Mairie, ce que tous les gens concernés ne firent pas forcément. Des civils furent réquisitionnés par l'occupant pour monter la garde, de nuit, au pied du pylone de la ligne à haute tension, située aux Bardignaux. Chaque équipe composée de deux hommes devait assurer des tours de garde de deux heures, et pour dissuader les éventuels saboteurs, les gardiens n'avaient pour toute arme dissuasive qu'un bâton.
D'autres hommes furent aussi forcés d'effectuer des travaux au
camp d'aviation. Ils durent faucher l'herbe, ramasser les pommes de terre et boucher les trous que les bombes de la Lutwaffe avait creusés sur la piste.

L'occupation

Ce fut l'époque des restrictions. En grande majorité agricole, la population de Pruniers souffrit sans doute moins que les citadins des restrictions alimentaires. Mais les Prunellois eurent les mêmes difficultés que quiconque à se procurer les autres produits d'utilisation quotidienne. Beaucoup n'hésitèrent pas à passer fréquemment la ligne de démarcation au-delà de laquelle, au moins jusqu'en novembre 1943, les produits étaient plus abondants. Mais quand il fallait franchir la frontière dans l'autre sens, pour retourner à la maison, l'angoisse, à nouveau nouait les ventres.
Ce dont les habitants semblent avoir le plus souffert fut l'absence de pain, ou du moins sa qualité médiocre et cela, en dépit des efforts du boulanger, M. Ardon, qui ne pouvait travailler que le quota de mauvaise farine auquel lui-même avait droit. Or, à cette époque encore, le pain constituait une part essentielle de l'alimentation.
Et pendant ces années sombres, les jeunes qui, en cette fin de XXème siècle, ont plus de 70 ans, essayaient de vivre leur jeunesse. Les distractions étaient bien limitées. On se retrouvait entre amis pour fêter un anniversaire. Chacun y apportait ce qu'il pouvait. Parfois, un bal était organisé, mais de façon clandestine car toute réunion était interdite par l'occupant. Il y avait un véritable danger à participer à ces bals interdits. Les garçons, notamment, encouraient le risque d'être envoyés en Allemagne dans le cadre du Service du Travail obligatoire. Or, beaucoup de soldats Allemands avaient le même âge que ces jeunes Prunellois et il arriva que quelques uns de ces jeunes soldats participent aussi à ces bals clandestins.
D'une façon générale, la cohabitation avec les Allemands s'est passée sans histoire. Au plus y-a-t-il eu quelques frictions, dans les cafés, résultant de réflexions désobligeantes de la part des civils à l'égard de soldats probablement sous l'emprise d'une consommation immodérée de vin. Mais, pendant quatre années, la vie quotidienne est restée très pesante sous la menace d'un occupant dont personne ne pouvait prévoir le comportement.

La Résistance

Des Prunellois savaient qu'un groupe de résistants s'était installé dans les bois de Chêne Moreau. Mais personne n'en parlait. Au plus avaient-ils crainte que les Allemands le sachent aussi et qu'ils exercent des représailles sur la population du village.
Certaines nuits, des jeunes gens de l'époque, encore de ce monde aujourd'hui, réceptionnaient, sur les terres de la Jaudraie, les parachutages largués par les Alliés et les acheminaient, en tombereau, jusqu'à la ferme de Chêne Moreau pour les remettre aux Résistants.
En avril 1944, trois ou quatre maquisards, sous les ordres du lieutenant Legrand, narguèrent en plein jour les Allemands : ils traversèrent Pruniers à bord d'une traction noire, dans laquelle avaient pris place des résistants armés de mitraillettes.
Mais Pruniers ne représentait pas une place stratégique : la commune n'avait pas une importance primordiale par rapport à la ligne de démarcation ; elle restait en dehors des grands axes de communication. Et de ce fait, la Résistance n'eut pas à y jouer un rôle décisif. En revanche, les maquisards agissaient sur d'autres secteurs.

Les monuments

Aujourd'hui, deux monuments continuent de témoigner des événements qui s'y sont déroulés : à la hauteur des Quatre Roues, à l'angle de la route départementale 724 et du chemin communal qui conduit à la Gastière, un monument rappelle l'exécution d'André Morand, résistant du Réseau Adolphe, originaire de Contres, fusillé le 12 mars 1944.
A la Flandrinière, à la limite de Pruniers, sur le territoire de Romorantin, un monument a été érigé à la mémoire des F.T.P.F. tués au combat, le 20 août 1944, pendant les affrontements qui précédèrent la libération du canton le 1er septembre.

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