L'humeur du Maire de juillet 1999

 

- "Qu'est-ce qu'on mange ?"
Voilà une question qui se pose chaque jour dans les foyers et (les anciens s'en souviennent) on l'entendait aussi chaque midi "dans le poste".
C'était la question que Carmen posait tous les midis à La Hurlette, dans un feuilleton radiophonique des années 50. Dans cette histoire, le saucisson, le camembert et le litre de rouge n'étaient peut-être pas de qualité supérieure, mais ils avaient au moins l'avantage de ne pas être trafiqués.
Qu'en est-il aujourd'hui?

On a eu la prétention de vouloir transformer en carnivores des animaux dont l'appareil digestif est fait pour digérer de l'herbe et on s'est étonné, ensuite, que les vaches aient été prises de folie. Celles qu'on a mises au champ, prés des centres industriels, ont eu droit, en supplément de menu, aux retombées des fumées d'usines qui ont le même effet, sur leur organisme, que les pluies acides sur les forêts. Et il suffit de voir l'état des façades d'immeubles, des cathédrales et autres monuments pour comprendre les dégats qu'occasionnent sur l'environnement les rejets des cheminées et des pots d'échappement.
Aujourd'hui, ce sont les poulets qui sont mis en accusation. Les poulets belges, bien évidemment. Pas les poulets frençais car, chaque fois qu'on demande à un
haut responsable si une catastrophe survenue à l'étranger pourrait se produire en France, la réponse est bien évidemment négative. Pensez-vous ! avec toutes les lois qui nous protègent, avec tous les contrôles que les services compétents exercent à chaque stade de la production de tous les produits, comment voulez-vous que celà puisse arriver dans notre pays ?

Rappelez-vous Tchernobyl : le nuage radioactif n'a pas osé franchir notre espace aérien. Il s'est arrêté juste aprés Ventimille...

Chacun sait que dès l'instant où un maillon d'une chaîne est pollué la contamination s'étend à tout ce qui suit. Pourquoi en est-il ainsi ? Un seul mot suffit à répondre : l'argent. Car, le seul souci de ceux qui "en font" est d'en faire toujours d'avantage. Alors tous les moyens sont bons. S'ils... osaient, ils engraisseraient les poulets, les vaches, les cochons, les porcs, les lapins, les saumons, les truites, les dindons, à l'huile de vidange. Et celà, sous couvert d'un souci estimable : la ré-cu-pé-ra-tion !

Or, les dindons, c'est nous, les consommateurs. Les industriels de l'alimentation se soucient tellement de notre santé qu'ils ont recherché le meilleur moyen de limiter l'usage des pesticides qur les produits que nous mangeons (en ne diminuant surtout pas la production).

Ils ont trouvé. Ils ont appelé ça les "O.M.G" (organismes génétiquement modifiés).

A vouloir modifier même les gènes, on peut se demander à quoi ressembleront les consommateurs des siècles prochains. Sans doute ne subsistera-t-il sur terre que ceux qui auront les moyens de s'offrir des denrées saines, indemnes de toute manipulation, mais hors de prix.

Malgré tout, pour quelque temps encore, nous avons le choix d'acheter notre alimentation auprès de petits producteurs tels que ceux qui viennent animer le bourg de Pruniers certains dimanches de l'été.

En faisant nos commissions chez eux, c'est à la fois l'assurance d'acheter des produits de qualité, mais c'est aussi les aider à investir en matériel nouveau, conforme aux normes européennes qui, elles aussi, aideront à la disparition toute prochaine de ces paysans qui ont pourtant permis un certain art de vivre et bâti l'une des richesses culturelles de notre nation.

Jean-Marie Bisson

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